Environnement Lançonnais

Collectif "Stop compteurs communicants" de Forcalquier

jeudi 19 avril 2018 par Alain KALT (retranscription)

La réunion Enedis du 4 avril à Forcalquier : une séance de désinformation et d’intimidation par des personnes entraînées à la langue de bois et à la manipulation.

Mercredi 4, la direction régionale d’Enedis avait "convié" treize maires de la région de Forcalquier à une réunion d’information. Dans ses réponses aux forcalquiéren.nes l’informant de leur refus du Linky ou lui demandant d’en interdire le déploiement, le maire Gérard Avril répondait invariablement « Pour répondre concrètement à ces interrogations, Enedis s’est engagée auprès de la commune à programmer une réunion d’information sur Forcalquier au cours du premier semestre 2018 ».

Or, cette réunion n’était pas publique : « Cette réunion d’information, sur invitation, est à destination des élus, mais également des personnels techniques, relais d’opinions, acteurs économiques et associatifs, professionnels du bâtiment que vous jugerez nécessaire d’inviter ».

Il est clair qu’Enedis ne souhaite pas se trouver confrontée aux nombreux.ses bas-alpin.es hostiles au Linky (dont 750 pétitionnaires à Forcalquier), comptant sur les maires et "relais d’opinion" pour faire passer sa propagande. Voilà pourquoi plus de 300 personnes sont venues devant la mairie de Forcalquier dire « Linky n’est pas le bienvenu, ni ici ni ailleurs ! », s’informer et échanger sur les moyens de lutter contre son déploiement. Bien décidées à ne pas se laisser faire !

Toutefois, souhaitant instaurer un débat constructif, M. Avril avait invité le Collectif de Forcalquier à y déléguer dix personnes. Nous n’avions guère d’illusion sur la possibilité d’un réel débat, bien d’autres réunions de ce type s’étant déroulées en diverses régions, mais nous n’avons vraiment pas été déçu.es !

Nous avons assisté à une magnifique démonstration de ce que l’on appelle en psychiatrie, la réticence prolixe. C’est à dire comment noyer l’interlocuteur sous des diatribes interminables pour l’empêcher de poser des questions embarrassantes.

Un des procédés également utilisé consiste à mettre les auditeurs sous pression en leur assénant des données techniques dont ils ne sont pas forcément en mesure de juger de l’exactitude ni de la pertinence. Selon le ton employé, cette méthode concourt à donner autorité à la personne qui y recourt, permettant d’affirmer n’importe quoi. Un exemple : rabâchant les mesures contestées de l’Agence Nationale des Fréquences, les "experts" d’Enedis entendent démontrer l’innocuité du CPL (courant porteur en ligne) en annonçant des champs de quelques centièmes de microteslas, alors que dans cette bande de fréquence, le champ magnétique est mesuré en ampères par mètre. Qui d’autre qu’un spécialiste pourra mettre en doute leur affirmation ? (1)

Chacun.e aura remarqué également (cf l’article de La Provence) l’arrogance de certains intervenants d’Enedis, à la limite de l’incivilité. Méthode visant à faire sortir le contradicteur exaspéré de ses gonds pour le désigner ensuite comme peu sûr de ses connaissances, et à dissuader d’autres prises de parole critiques.

Le bâton pour les uns, la carotte pour les autres : une escouade d’agents Enedis s’affairent pour distribuer des prospectus, faire signer les participants et passer le micro. Parmi eux, deux "interlocuteurs privilégiés" chargés de relation avec les collectivités concédantes (que l’on bichonne quand on ne les harcèle pas). On nous a donc servi une impressionnante panoplie de mensonges, auxquels il n’était pas permis de répondre, la longueur des interventions d’Enedis empêchant de rebondir sur leurs propos.

-• On a tenté de nous convaincre que l’Europe impose les compteurs communicants.

C’est évidemment faux puisque Belgique, Lituanie, Portugal, Rép. Tchèque n’ont pas choisi de les installer, que l’Allemagne, la Lettonie, la Slovaquie ne le font que partiellement. Alors pourquoi en France ? Son imposition ne recèlerait-elle pas des conflits d’intérêts ? (2).

-• On a tenté de nous convaincre que le compteur Linky est nécessaire à la transition énergétique.

Il serait indispensable pour gérer l’explosion de l’autoproduction solaire et celle des bornes de recharge des voitures électriques. C’est tout aussi faux. Pourquoi l’Allemagne qui est en Europe à la pointe des énergies renouvelables ne s’est-elle pas précipitée à en installer chez elle ? Du reste, les industriels de l’électricité disent que les compteurs communicants ne sont pas utiles (3).

-• On a tenté de nous convaincre que le Linky est d’utilité publique.

Enedis, resitué dans l’histoire et le contexte français, nous est présentée comme un service public faisant partie du secteur régulé, régi par les orientations de l’État. Quant à la loi sur la transition énergétique, elle commande de « mieux consommer et moins consommer ». On omet juste de rappeler qu’après la loi dite de "modernisation" de 2000, qui a fait éclater l’entreprise intégrée EDF en plusieurs entités, ERDF est devenue en 2016 la société anonyme Enedis, que ces "réformes" successives ont pour objectif de créer puis stimuler un marché financier de l’électricité et que ce marché n’est pas stimulé si l’on fait trop d’économies d’énergie, car on diminue la demande…

-• On a tenté de nous faire croire que toutes les requêtes des concentrateurs n’arrivent pas chez tous les habitants en faisant une analogie avec les adresses IP d’internet.

Comparaison absurde car si sur le net, il y a des relais et des aiguillages pour diriger l’information, il n’y a aucun aiguillage sur le réseau électrique en aval d’un transformateur. Cette affirmation a d’ailleurs été déjà balayée par le rapport du Centre Scientifique et Technique du Bâtiment pour l’ANSES (janvier 2017).

-• On a tenté de nous faire croire que le Linky ne communique que quelques secondes par nuit.

Il ne transfère le relevé de la consommation qu’une fois par nuit …sauf si l’abonné souhaite obtenir sa courbe de charge journalière (c.à.d. le relevé détaillé par tranches de 10 à 30 mn). Et, bien sûr, dans ce cas, c’est tout le quartier qui "profite" de ces transferts, par le biais du CPL. À cela s’ajoute un test d’état fonctionnel toutes les 10 à 30 mn du concentrateur vers le compteur pour vérifier s’il est toujours opérationnel. L’émetteur installé sur le concentrateur ? Une carte SIM. Une carte SIM transmettant de façon quasi continue les informations de centaines de Linky.

-• On a tenté de nous faire croire à l’innocuité des ondes électromagnétiques

Ceci en distordant subtilement les conclusions de l’ANSES, Agence Nationale de Sécurité Sanitaire, qui ne sont pas si rassurantes que ce que veut bien le dire Enedis. (4)

-• On a tenté de nier que le fonctionnement de la technologie Linky implique des radiofréquences.

Alors que, d’une part, elle recourt en partie à la téléphonie mobile et que, d’autre part, le CPL induit indéniablement l’émission par nos câbles non blindés d’ondes électromagnétiques (OEM) dans la gamme de fréquence des radiofréquences, soit selon l’ANSES de 8,3 kHz à 300 GHz (5)

-• On a tenté de nous faire croire que Linky n’est pas plus dangereux qu’un babyphone.

À ceci près qu’un Linky est 200 fois plus puissant qu’un babyphone. (2 watts contre 10 milliwatts). D’une manière générale, toutes les mesures sont rapportées à des normes d’exposition inadéquates puisque ne tenant compte que des effets thermiques des OEM, alors que ce sont des processus physicochimiques, affectant notamment les neurones, qui s’avèrent être déterminants dans l’origine et le développement de pathologies liées aux radiofréquences.

-• On a tenté de nous faire croire que le comptage de consommation est le même avant ou après Linky.

C’est vrai s’il s’agit d’un fer à repasser, plus généralement d’une simple résistance. C’est faux s’il s’agit d’un appareil qui a un "cosinus phi" inférieur à 1, c’est-à-dire s’il comporte des bobines électriques, par exemple s’il est doté d’un moteur.

https://videos2.next-up.org/ENEDIS_...

-• On a tenté de nous faire croire que le Linky ne présentait aucun risque pour nos données personnelles.

« Ceux qui veulent que leur Linky reste un simple compteur, alors il restera un simple compteur ». On a vu récemment que des données étaient transmises à un fournisseur sur la foi d’un accord arraché par tromperie aux usagers. Cette situation n’a aucune raison de rester exceptionnelle car aucune information n’est fournie avant la pose sur les modalités de recueil de l’accord de l’usager pour l’enregistrement et la transmission de ses données. De fait, l’enregistrement commence avant tout accord.

-• On a tenté de nous faire croire que les compteurs n’appartenaient pas aux communes.

*Enedis indique que seuls les postes sources HT lui appartiennent (Limans pour le secteur de Forcalquier), le réseau amont appartenant à RTE (Réseau de Transport d’Électricité). Quant au réseau aval (lignes, transfos HT/BT de quartiers et compteurs), on nous affirme qu’il appartient au SDE04 (Syndicat d’Énergie)... alors que la Cour des comptes, dans son rapport de février 2018 rappelle sans ambiguïté : « Les réseaux publics de distribution restent néanmoins la propriété des communes, qui confient, le cas échéant en déléguant leur compétence à des syndicats intercommunaux ou départementaux, la gestion de ces réseaux aux distributeurs ».

-• On a tenté de nous faire croire que le Linky était inévitable pour les nouveaux branchements parce qu’on ne construisait plus d’autres compteurs.

N’y a-t-il pas déjà trois millions de compteurs "classiques" déposés en état de marche ?

-• On a tenté de faire croire aux maires qu’ils ne pouvaient s’opposer au déploiement

Enedis se dit coincée entre la Commission de Régulation de l’Énergie et l’autorité concédante (SDE 04). Tenue d’équiper 90% des points de comptage de puissance ≤ 36 kVA sous peine de pénalités de la part de la CRE, elle serait contrainte d’attaquer les communes qui le refusent. C’est omettre un peu vite que les communes, en tant que propriétaires du réseau basse tension, peuvent refuser de déclasser et remplacer les compteurs, pour éviter un gaspillage, par principe de précaution ou pour ne pas assumer à la place d’Enedis les conséquences d’un choix qui n’est pas le leur. Beaucoup le font. Ont été en outre longuement mis en avant divers avantages plus ou moins probants du compteur Linky :

-• Rapidité de détection des coupures de courant.

Détecter c’est bien, réparer c’est mieux. On peut douter de la portée réelle de cette avancée technique, sachant que les emplois sont toujours revus à la baisse (il est même procédé à de la sous-traitance) et qu’on laisse le réseau se délabrer : dans son récent rapport sur l’électrification rurale, la Cour des comptes cite notre département comme étant le dernier à ne pas être dans la norme de continuité de service.

-• Diminution des délais et coûts d’intervention pour nouvel abonnement, augmentation de puissance, etc

-• Plus de rendez-vous nécessaire pour la relève.

Réalisée à distance. Rien sur les pertes d’emplois.

-• Accès à des offres tarifaires

 :

Linky va être la panacée pour les clients qui vont tous bénéficier de contrats et tarifs adaptés à leur cas particulier ! Cela compensera-t-il la nécessité d’augmenter la puissance souscrite, pour ne pas disjoncter, en raison de la sensibilité supérieure et du mode de comptage du Linky ?

Autant de tentatives de désinformation et d’intimidation vaines pour ce qui nous concerne. Souhaitons qu’il en ait été de même pour l’ensemble des maires et citoyen.nes "convié.es".

Notre délégation était composée de Étienne Boucrot, Joël Delannoy, Bernard Gurdner, Gérard Humbert, Bertrand Jacotot, Phoëdon Michaïlides, Bernadette Ollivier, Denise Paccani.

N.B. On nous a informé.es que le déploiement sur Forcalquier ne commencerait pas avant novembre 2018 – mais ne serait-ce pas un mensonge de plus, pour nous endormir et nous prendre de vitesse, cela s’est déjà vu ? – et que la durée d’intervention globale de SOGETREL sur la commune ne devrait pas dépasser quelques semaines.


Notes

- (1) http://www.criirem.org/autres-emett...

- (2) Non, l’Europe n’impose pas les compteurs communicants Extrait directive 2009/72/CE 13 juillet 2009

« Les États membres veillent à la mise en place de systèmes intelligents de mesure qui favorisent la participation active des consommateurs au marché de la fourniture d’électricité. La mise en place de tels systèmes peut être subordonnée à une évaluation économique à long terme de l’ensemble des coûts et des bénéfices pour le marché et pour le consommateur, pris individuellement, ou à une étude déterminant quel modèle de compteurs intelligents est le plus rationnel économiquement et le moins coûteux et quel calendrier peut être envisagé pour leur distribution. Cette évaluation a lieu au plus tard le 3 septembre 2012. Sous réserve de cette évaluation, les États membres, ou toute autorité compétente qu’ils désignent, fixent un calendrier, avec des objectifs sur une période de dix ans maximum, pour la mise en place de systèmes intelligents de mesure. Si la mise en place de compteurs intelligents donne lieu à une évaluation favorable, au moins 80 % des clients seront équipés de systèmes intelligents de mesure d’ici à 2020. Les États membres, ou toute autorité compétente qu’ils désignent, veillent à l’interopérabilité des systèmes de mesure à mettre en place sur leur territoire et tiennent dûment compte du respect des normes appropriées et des meilleures pratiques, ainsi que de l’importance du développement du marché intérieur de l’électricité. »

Il faut savoir que c’est l’entreprise CAP GEMINI qui a été chargée de cette évaluation et qu’elle est fortement suspecte de conflits d’intérêts : http://autreinfo.free.fr/LINKY.CapG...

Conflits d’intérêts ?

François Brottes, Président de la Commission Spéciale à l’Assemblée Nationale, qui a piloté le projet de loi de Transition Enérgétique, a été nommé dès le lendemain président de RTE, filiale d’EDF.

Thierry Breton, exministre de l’Economie et de l’Industrie, exprésident d’Orange, dirige aujourd’hui ATOS, l’un des concepteurs de l’architecture de LINKY et Orange a obtenu le marché GPRS (2G+) du Linky.

Cap Gemini, « La plateforme SES de Cap Gemini est la seule et unique solution de gestion des flux de travail intégrée de bout en bout en mesure de prendre en charge l’ensemble du cycle de vie des compteurs intelligents. » (site Cap Gemini) « Dans le cadre du projet de compteur évolué, la Commission de régulation de l’énergie (CRE) a confié à la société Capgemini Consulting la réalisation d’une étude technico-économique pour analyser les coûts et les bénéfices du projet Linky au périmètre du distributeur ERDF ». (site Smart-grids – CRE.)

Conflits d’intérêt reconnus au Comité Economique et Social Européen (CESE) De nombreux mois après une plainte déposée par des organisations européennes concernées et regroupées dans une Coordination Européenne des Organisations pour une Réglementation de l’Exposition aux Champs électromagnétiques, la Médiatrice européenne reconnaît pour la première fois un conflit d’intérêts mettant en cause des entreprises d’électricité et de télécommunications et une institution consultative européenne pour éviter la prévention et la reconnaissance de l’électrohypersensibilité . (Communiqué de presse de l’association Robin des Toits le 26-10-16) » http://www.alerte-usine-eaunes31.fr...

- (3) « La transition européenne vers un réseau électrique intelligent pourra se passer de compteurs intelligents, selon des industriels. Un constat qui risque d’embarrasser la Commission, tout comme ERDF et son compteur Linky en France. Il existe d’autres moyens plus efficaces que les compteurs intelligents pour développer des réseaux électriques intelligents, ont déclaré des délégués de l’industrie lors de la convention annuelle de l’association européenne de l’électricité – Eurelectric – organisée à Vilnius début juin. Ces moyens sont par exemple une intégration plus rapide des renouvelables, le développement des réserves d’énergie, et une meilleure gestion de la demande d’énergie, ont expliqué les représentants. Les bénéfices réels des compteurs intelligents ont aussi été remis en question lors de la conférence. Plusieurs États membres avaient déjà douté de leur efficacité. L’Allemagne par exemple a décidé de ne pas élaborer de stratégie de lancement au niveau national, allant ainsi à l’encontre des exigences contenues dans les lois européennes. » Source : https://www.euractiv.fr/section/ene... (4) Non les ondes électromagnétiques ne sont pas sans risques. Les études suivantes en font foi :

• L’étude comobio.

Les études sur la mortalité de l’embryon de poulet, la récente étude indienne sur les anomalies biologiques chez les voisins d’antennes relais qui sont exposés durablement à des irradiations de faible intensité, exactement ce que nous promet Linky : http://www.priartem.fr/spip.php?pag...

• Les travaux de :

-Martin L. Pall Professeur émérite de biochimie et de sciences médicales fondamentales Washington State University.

-Dominique Belpomme, professeur de cancérologie à l’université Paris-Descartes (Paris V). Membre de plusieurs sociétés savantes internationales et président de l’ARTAC, Association pour la Recherche Thérapeutique Anti- Cancéreuse, qu’il a fondée en 1984.

-Luc Montagnier colauréat avec Françoise Barré-Sinoussi du prix Nobel de physiologie ou médecine, pour la découverte, en 1983 du VIH.

- (5) Si, le fonctionnement de la technologie Linky implique l’émission de radiofréquences.

Ce qui est vrai, c’est que dans sa forme actuelle, le "Linky des villes" ne fait pas appel à des radiofréquences mais, par le fait qu’il fasse circuler du CPL dans des câbles non prévus à cet usage, non blindés, ces câbles transformés en antennes émettent des ondes électromagnétiques entre 60 et 80 kilohertz pour la fondamentale, bien plus pour les harmoniques, que l’on peut détecter avec un simple poste de radio grandes ondes. Ces ondes, dans la gamme des radiofréquences, ne servent à rien mais elles sont présentes en permanence. https://www.youtube.com/watch?v=lFB...

Il convient de parler aussi du "Linky des champs". Les distances étant trop grandes à la campagne, Linky ne fonctionne plus par CPL mais bel et bien par radiofréquences. Par ailleurs le composant additionnel ERL, acronyme de Émetteur Radio Linky, pas encore en service, celui qui permettra à Enedis de tout connaître de la consommation de chacun de vos appareils fonctionnera également par radiofréquences. Et on nous a empêché d’évoquer ce sujet…


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