Environnement Lançonnais

Phtalates et parabènes : la France s’oriente vers une interdiction

vendredi 6 mai 2011 par Alain KALT (retranscription)

03-05-2011

Le 3 mai, une coalition d’ONG, menée par l’organisation ChemSec (1), a publié une réactualisation de la liste dite SIN 1.0 (Substitution Immédiate Nécessaire), établie en 2008. Cette liste recense les substances chimiques perçues comme « dangereuses prioritaires » par les associations de défense de l’environnement, de la santé publique, des droits des femmes et des consommateurs. La nouvelle version (2.0) intègre désormais 22 perturbateurs endocriniens (PE) (2) supplémentaires, venus s’ajouter à des substances telles que le Bisphénol A, les PFOA /PFOS, ou les retardateurs de flammes polybromés présents dans la liste SIN 1.0. La nouvelle version inclut également plusieurs filtres UV utilisés dans les produits solaires ainsi que deux parabènes utilisés dans les cosmétiques, auxquels sont notamment exposés les femmes enceintes et les enfants. D’autres PE complètent ce répertoire, tels que le perchloroéthylène du nettoyage à sec, l’additif alimentaire BHA ainsi que trois phtalates, dont le diethylphtalate (DEP) présent dans de nombreux parfums.

Les substances figurant sur la liste SIN sont toutes identifiées comme des substances extrêmement préoccupantes ou SVHC (3), définies selon les critères de la réglementation chimique européenne REACH. Toutefois, la mise en application de celle-ci est extrêmement lente et laborieuse, seules 46 substances ayant été, à ce jour, identifiées comme SVHC et versées à la « liste candidate » de REACH. Par ailleurs, aucune n’a été reconnue comme telle sur la seule base de propriétés de perturbation endocrinienne.

En France, bien que les PE fassent de plus en plus parler d’eux, notamment dans la littérature scientifique, peu de mesures concrètes ont été prises pour réduire l’exposition de la population. Comme le soulignent les associations, les initiatives ne viennent pas tant du gouvernement ou des agences de sécurité sanitaire que de propositions parlementaires. Le dernier exemple en date est l’adoption en première lecture de la proposition de loi du député Yvan Lachaud, visant à interdire l’utilisation des phtalates, des parabènes et des alkylphénols. En effet, bien que rejetée, en mars dernier, en Commission des affaires sociales, la proposition vient d’obtenir la majorité absolue en séance plénière à l’Assemblée Nationale. Saluant ce « vote historique », André Cicolella, porte-parole du Réseau Environnement Santé (RES) a déclaré : « Avec ce vote, les parlementaires entrent dans la modernité des enjeux de santé publique qu’incarne la question des perturbateurs endocriniens. Nous attendons du gouvernement et des autorités sanitaires qu’ils osent à leur tour franchir cette ligne de rupture ».

Cécile Cassier 1- The International Chemical Secretariat est une organisation non lucrative, créée en 2002 par quatre organisations environnementales. 2- Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des produits chimiques qui interfèrent avec le système hormonal. 3- La réglementation REACH définit les Substances extrêmement préoccupantes comme des substances soit 1) cancérigènes, mutagènes, ou toxiques pour la reproduction (CMR), 2) persistantes, bioaccumulables et toxiques (PBT), ou 3) « les substances, telles que celles présentant des propriétés de perturbation endocrinienne […] qui soulèvent un niveau de préoccupation équivalent ».


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