Qui a dit : "aucun réacteur (nucléaire) ne mérite d’être fermé"
L’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a remis le 17 novembre à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) un rapport d’expertise de 500 pages comportant des recommandations pour éviter un accident nucléaire majeur lié à une catastrophe naturelle (... extême). Le rapport de l’IRSN souligne que la sécurité de tous les réacteurs pourra être remise à niveau et que, par conséquent, aucun réacteur ne mérite d’être fermé. La contre-expertise menée par l’IRSN sur les dossiers de sureté soumis par les industriels, en cas de catastrophe exceptionnelle, a permis de dégager trois grands constats
1. Un faible nombre d’installations nucléaires présente des écarts de conformité aux exigences requises qui fragiliseraient leur sureté dans le cadre d’évènements pris en compte dans leur dimensionnement. Des actions correctives sont déjà en cours et seront accélérées.
2. Les évolutions de connaissances doivent conduire à réexaminer certaines exigences de manière anticipée. C’est particulièrement le cas de la prise en compte des séismes pour lesquels la connaissance a beaucoup progressé ces dernières années.
3. La question du comportement des installations nucléaires en cas de catastrophe naturelle extrême envisageable se pose car, en l’état, cela pourrait avoir des conséquences inéluctables, avec à terme la fusion du cœur et des rejets radioactifs.
Face à ces scénarios exceptionnels mais néanmoins envisageables, l’IRSN recommande l’adoption d’un niveau supplémentaire d’exigence de sureté, intitulé « noyau dur », qui garantirait la pérennité des principales fonctions vitales des installations nucléaires durant plusieurs jours, le temps que des moyens externes au site puissent intervenir. L’ASN a réuni la semaine dernière, les groupes permanents d’experts (réacteurs, laboratoires et usines) qui lui ont transmis leur avis concernant l’analyse des rapports remis par les exploitants des centrales nucléaires le 15 septembre 2011.
Sur la base de l’ensemble des expertises, des avis, ainsi que de ses propres inspections, l’ASN rendra publiques ses conclusions sur les évaluations complémentaires de sûreté (ECS) en début d’année 2012. L’ASN imposera les prescriptions complémentaires appropriées, voire recommandera, le cas échéant, au gouvernement l’arrêt des installations qui le nécessiteraient.
Les évaluations complémentaires de sûreté ont été engagées par l’ASN à la suite de l’accident survenu en mars 2011 à la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi, au Japon. Cette démarche répond également à la demande du 1er ministre de réaliser un audit de la sûreté des installations nucléaires françaises et aux attentes du Conseil européen, qui a appelé en mars 2011 à la conduite de tests de résistance des réacteurs électronucléaires européens.
Les évaluations complémentaires de sûreté portent sur la robustesse des installations face à des situations exceptionnelles du type de celles qui ont conduit à l’accident de Fukushima. Elles concernent l’ensemble des 150 installations nucléaires françaises. Elles sont complémentaires de l’approche de sûreté menée de façon continue sur les installations.
Pour les 80 installations jugées prioritaires, dont les réacteurs électronucléaires, les exploitants ont remis à l’ASN, le 15 septembre 2011, leurs rapports répondant à ses décisions du 5 mai. Pour les autres installations, les exploitants doivent remettre leurs rapports avant le 15 septembre 2012.
L’ASN a aussi réalisé entre juin et octobre 2011 une campagne d’inspections ciblées sur des thèmes en lien avec l’accident de Fukushima. Ces 38 inspections destinées à contrôler la conformité des matériels et de l’organisation de l’exploitant au regard du référentiel de sûreté existant et conduites sur l’ensemble des installations nucléaires jugées prioritaires, représentent 110 journées d’inspection sur le terrain.
Conformément aux décisions du Conseil européen de mars 2011, la France transmettra son rapport à la Commission européenne. Les rapports des différents pays européens seront soumis à une revue par les pairs qui débutera dès le mois de janvier 2012 et devrait s’achever en juin 2012.
L’ASN rappelle enfin que le processus complet de retour d’expérience après l’accident de Fukushima sera long, les évaluations complémentaires de sûreté ne constituent qu’une première étape.
La version intégrale du rapport ainsi qu’une synthèse technique sont disponibles en suivant ces liens :
Lire la synthèse du rapport de l’IRSN (document pdf) http://www.irsn.fr/FR/expertise/rap...
Tome 1 du rapport de l’IRSN http://www.irsn.fr/FR/expertise/rap...
Tome 2 du rapport de l’IRSN http://www.irsn.fr/FR/expertise/rap...
Alain KALT (retranscription)
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