Environnement Lançonnais

L’armée allemande prédit le pire une fois le pic pétrolier atteint

vendredi 17 septembre 2010 par Alain KALT (retranscription)

Le "peak oil" (pic pétrolier), ce moment où la production de pétrole va commencer à diminuer, aura des conséquences considérables sur l’économie et la politique extérieure allemande. Telles sont du moins les conclusions d’un rapport émanant du département d’analyse stratégique de l’armée allemande, récemment dévoilé par le site Spiegelonline. Une révélation que ni l’armée ni le gouvernement n’ont souhaité commenter.

Ce rapport d’environ 90 pages n’est apparemment que la première partie d’une réflexion sur "les dimensions environnementales de la sécurité". Il rappelle que la date à laquelle interviendra ce fameux "peak oil" continue de diviser les experts, qui sont, pour la plupart d’entre eux, juges et parties. Néanmoins, alors que la date de 2030 est souvent admise, le rapport estime qu’"il est probable que le "peak oil" intervienne autour de 2010 et que ses effets sur la sécurité se fassent sentir entre quinze et trente ans plus tard". Tandis qu’Angela Merkel doit présenter, le 28 septembre, sa stratégie en matière énergétique pour l’horizon 2050, le rapport souligne que la raréfaction de pétrole "entraînera de grands risques systémiques pour l’Allemagne vu son implication dans la mondialisation, et ce quelles que soient les politiques énergétiques suivies".

Contrairement aux crises liées dans le passé aux matières premières qui se sont traduites par des tensions régionales, le peak oil pourrait provoquer des tensions mondiales. En raison du rôle que le pétrole joue dans l’économie, notamment la chimie, sa rareté touchera l’ensemble des économies.

Réactions en chaîne

A partir de ce constat, les auteurs, dirigés par un lieutenant-colonel, passent en revue les réactions en chaîne qui risquent de se produire. A les lire, le pire est possible : les Etats producteurs de pétrole vont voir leur pouvoir accru ; l’importance prise par le marché va diminuer au profit de relations commerciales entre les Etats ; des pays qui ne se seraient pas préparés à l’avance pourraient faire faillite et, dans certains cas, la démocratie pourrait être en danger.

Dans ce cas de figure, l’Allemagne doit revoir sa politique extérieure. Comme les autres pays importateurs, celle-ci sera conditionnée par l’accès aux matières premières, notamment le fameux pétrole. Alors que ses deuxième et troisième fournisseurs, la Grande-Bretagne et la Norvège, vont rapidement voir leurs ressources pétrolières diminuer, Berlin n’aura d’autre possibilité que de se tourner encore davantage vers son premier fournisseur : Moscou. Entre la défense d’intérêts européens et la préservation des intérêts purement allemands, l’Allemagne va avoir une partie subtile à jouer. Le rapport recommande par ailleurs que les forces de sécurité européennes portent davantage intérêt à la protection de zones stratégiques comme le Maghreb où doit être lancé un immense projet international de captage d’énergie solaire.

Au Proche-Orient aussi, prévient le rapport, un rééquilibrage des relations avec les pays producteurs de pétrole comme l’Arabie saoudite et l’Iran pourrait se traduire par des tensions avec Israël.

Frédéric Lemaître Article paru dans l’édition du 12.09.10 Le Monde


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