Gaz de schiste : des riverains fortement irrités
Le 11 septembre 2014 par Romain Loury
Les puits de gaz de schiste constituent bien une nuisance pour la santé des riverains. Parmi les maux les plus courants, irritations du nez et des yeux, urticaires et démangeaisons, révèle une étude américaine publiée dans la revue Environmental Health Perspectives.
Menée sur 180 foyers situés en Pennsylvanie, dans la formation des schistes de Marcellus, cette étude est la plus grande jamais menée sur l’impact sanitaire des forages. Peter Rabinowitz, de l’université de Yale (Connecticut), et ses collègues ont interrogé 492 personnes, leur demandant quels maux elles avaient ressentis lors de l’année écoulée.
Leurs résultats sont parlants : 39% des personnes vivant à moins de 1 kilomètre d’un puits disent avoir eu des symptômes au niveau des voies aériennes supérieures (saignements de nez, sinusites, allergies, maux de gorge, irritations des yeux), contre 31% dans les foyers situés entre 1 et 2 km, et 18% pour ceux situés plus loin.
Idem pour les syndromes cutanés, tels qu’urticaires, irritations, démangeaisons, sensations de brûlure, qui touchent 13% des personnes vivant à moins de 1 km d’un puits, contre 3% de celles vivant à plus de 2 km. Autres effets observés, hypertension, migraines et problèmes d’insomnie.
Y aurait-il un risque que les personnes les plus exposées, se sentant plus à risque, aient tendance à surdéclarer ces effets indésirables ? Ou tout simplement à en ressentir davantage du fait d’un stress accru ? Peu probable, estiment les chercheurs : leur étude tient compte du niveau de conscience du risque pour l’ensemble des participants. Et celui-ci ne changeait rien aux tendances observées.
Selon les auteurs, l’effet irritant, aussi bien pour le nez ou la peau que pour les yeux, pourrait s’expliquer par l’air dégagé par les puits. Mais aussi, en particulier pour la peau, par l’eau, probablement contaminée par des composés organiques volatils qui s’infiltrent dans les nappes phréatiques voisines.
Risque de cancer à plus long terme ?
« La majorité des puits de cette zone ayant été forés au cours des 5 à 6 dernières années, il est pour l’instant difficile de déceler de potentielles associations avec des maladies à plus long terme, comme le cancer », indiquent les chercheurs.
Rien ne permet cependant de l’exclure : de nombreuses molécules présentes dans ce gaz, dont les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), ont un potentiel mutagène sur l’ADN. Au printemps dernier, les habitants du comté de Garfield (Colorado), autre grande zone d’exploitation des Etats-Unis, se sont émus d’une fréquence anormalement élevée de malformations chez le nouveau-né. Saisies à ce sujet, les autorités sanitaires n’ont pour l’instant trouvé aucun lien évident (voir le JDLE).
Nié par l’industrie gazière, la confirmation d’un effet sanitaire chez les riverains pourrait lui coûter cher. En avril, une famille texane, les Parr, a remporté son procès contre Aruba Petroleum, accusée de lui avoir infligé une « nuisance intentionnelle ». Condamnée à payer près de 3 millions de dollars (2,3 M€), la compagnie a fait appel (voir le JDLE).
D’autres procès sont en cours aux Etats-Unis : toujours dans le Texas, une autre famille a perdu le sien en août contre Marathon Oil Corporation. Malgré une histoire très similaire à celle des Parr, la famille Cerny n’a pas réussi à convaincre la juge du lien entre leurs symptômes et la proximité du forage.
Alain KALT (retranscription)
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