OMS et viande
Bonjour,
Lorsqu’on a l’oeil un peu exercé, on ne peut que s’amuser en décryptant le contre-feu allumé ces derniers jours pour faire oublier les récentes accusations lancées par l’OMS contre la viande. Rappelons pour ceux auxquels cette information aurait échappé que les experts du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) viennent de conclure que les viandes transformées (comme la charcuterie par exemple) étaient cancérigènes, et que les viandes rouges étaient « probablement » cancérigènes. Une conclusion claire et courageuse… mais très mal vécue. Notamment par les éleveurs français (déjà en situation de surendettement), mais aussi par toute l’institution médicale qui prétend depuis vingt ans que tout cela n’est que conjecture...
Alors, on fait sonner la charge par les médias. Oh, il n’y a pas besoin de les forcer beaucoup, car c’est leur intérêt. Il faut protéger de la débâcle les bouchers et les restaurateurs, mais aussi - et surtout - les annonceurs du secteur, les Bridou et les Herta, les McDo et les Findus. Tous les industriels qui proposent des plats cuisinés à base de viande sont menacés. Sans parler de la grande distribution, touchée par ricochet.
La première technique pour faire passer la pilule, c’est de relativiser. Mais non ! L’étude de l’OMS ne veut pas dire qu’il faut arrêter de manger de la viande ! Cela veut seulement dire qu’il ne faut pas en abuser, c’est comme tout… Alors on nous explique que 50 g par jour, c’est sans risque et que de toute façon les Français mangent déjà en moyenne 50 g par jour. Vous voyez, il n’y a aucun effort à faire… Remarquons seulement qu’un simple steak, c’est 150 g de viande, une tranche de jambon, c’est 50 g.
Deuxième technique : sauver ce qui peut l’être. Le poulet et le poisson ne font pas partie des aliments incriminés. Vous avez bien compris, hein ? Quant à la viande rouge, elle est "probablement cancérigène". Bon, c’est quand même pas si grave ce "probablement". Allez, vous pouvez encore manger de la côte de boeuf ! Prenez juste la précaution de ne pas manger le gras, car c’est là que se trouvent les poisons cancérigènes, et ne cuisez pas trop fort. Le barbecue ? ...Mmm... Pas trop quand même. Deux ou trois petites précautions et hop, adieu le cancer colorectal. C’est simple, non ?
Troisième technique : passer sous silence l’essentiel. Lorsque l’on parle de viande transformée, on parle, en fait, de viande traitée à haute température, bourrée de nitrates et de nitrites, de colorants, de sel, d’antioxydants... On parle concrètement d’animaux achetés à vil prix, gavés d’antibiotiques, incarcérés toute leur vie et exécutés de manière effroyable. Mais dans ce qu’on lit ici ou là, la viande transformée, c’est du bon saucisson, du jambon de pays. Il faut sauver notre hachis parmentier ! D’accord, ce n’est pas très bon pour la santé, mais c’est notre patrimoine culinaire et culturel, nous dit-on. Sauf que moi, je ne considère pas que le jambon de supermarché fait partie de mon patrimoine culturel.
Quatrième technique, la plus insidieuse : dire qu’il n’y a pas d’alternative. Alors, on pose la question à de grands professeurs : peut-on se passer de viande ? Bien sûr que non, répondent-ils tous en coeur. Et c’est parti : protéines, fer, zinc, vitamines B… Il y en a dans la viande et on ne peut pas s’en passer. Dans les végétaux, il y en a très peu, nous dit-on. Ben voyons… Si ! Concèdent-ils, vous pouvez être végétarien, mais il va vous falloir faire attention tout le temps... Mesurer, peser, vérifier... Vous voyez. Et puis, il faudra prendre des compléments alimentaires (B12, Oméga 3, fer…), c’est ça que vous voulez ?
Cinquième technique : noyer le poisson. On a eu droit aussi à l’inévitable comparaison avec le tabac (30 fois plus de morts), l’alcool (20 fois plus), la pollution atmosphérique (10 fois plus). Vous voyez, ce n’est pas si grave ! J’aimerais bien savoir. Demande-t-on aux gens qui ont un cancer des voies digestives s’ils mangent de la viande ? Cela m’étonnerait, mais je sais en revanche qu’on les interroge sur leur consommation de tabac et d’alcool. Quand on ne cherche pas, on ne trouve pas.
Alexandre Imbert
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Alain KALT (retranscription)
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