Environnement Lançonnais

10 médicaments à retirer du marché

mercredi 6 avril 2011 par Alain KALT (retranscription)

Par Julie Joly et Estelle Saget, publié le 15/12/2010 à 09:54, mis à jour à 17:30 Sur le site du journal "l’Express".

Tous les produits pharmaceutiques ont des effets secondaires, mais, pour ceux-ci, les risques encourus sont trop importants. L’Express a dressé cette liste à partir des investigations de la revue Prescrire et avec l’aide d’un spécialiste, le Pr Giroud.

Le scandale du Mediator a braqué les projecteurs sur la revue médicale indépendante Prescrire, poil à gratter des firmes pharmaceutiques et des autorités de santé. C’est en lisant ce mensuel que le Dr Irène Frachon, à l’origine des révélations dans cette affaire, s’est inquiétée pour la première fois des effets indésirables du médicament. Financée par ses 29 000 abonnés, la rédaction analyse à la loupe tous les médicaments vendus en France. Les médecins ou les pharmaciens qui la composent n’ont aucun lien (ni direct ni indirect) avec un laboratoire. Ils passent au crible, pour chaque molécule, l’ensemble des études cliniques, des articles scientifiques et des informations disponibles. Tous les produits pharmaceutiques produisent des effets secondaires. Se fondant sur ce travail d’une rigueur exemplaire, L’Express a identifié ceux dont le rapport bénéfices-risques est clairement défavorable. Autrement dit, les avantages apportés ne sont pas suffisants comparés aux dangers auxquels ils exposent. Cette liste a ensuite été soumise à l’avis du Pr Jean-Paul Giroud, pharmacologue, membre de l’Académie nationale de médecine. Autorité morale et scientifique en matière de sécurité des médicaments, il n’a aucun lien avec les laboratoires et siège aux commissions d’autorisation de mise sur le marché (AMM) et de pharmacovigilance. A l’heure où Pfizer retire son remède contre l’hypertension artérielle pulmonaire, Thelin, L’Express livre les noms des dix médicaments contestables (présentés dans l’ordre alphabétique) qui ne devraient pas être sur le marché. De même que leurs versions génériques.

Actos

Indication : traitement du diabète de type 2, dit "gras" Le diabète de type 2 est une maladie de société aux complications graves. Une nouvelle famille de molécules, les glitazones, promet d’augmenter la sensibilité des patients à l’insuline. Mais la liste de leurs effets indésirables graves ne cesse de s’allonger : oedèmes maculaires, fractures osseuses chez les femmes, insuffisances cardiaques. Le 3 novembre, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) annonçait le retrait de l’un d’eux, l’Avandia (GlaxoSmithKline). En dépit d’une efficacité jugée "faible" par la Haute Autorité de santé et de risques accrus de cancers de la vessie, Actos, lui, est toujours remboursé à 65%. Contacté, le fabricant, Takeda, répond : "Actos appartient à la même classe pharmacologique qu’Avandia, mais il n’a pas les mêmes indications et présente des effets différents. Actuellement, Takeda soutient deux études visant à analyser la relation entre Actos et le cancer de la vessie."

Adartrel

Indication : syndrome des jambes sans repos L’Adartrel (GSK), une molécule utilisée à fortes doses dans la maladie de Parkinson, expose à des effets indésirables pénibles (nausées, comportements impulsifs, libido exacerbée, hallucinations ou paranoïa) et d’autres, graves (syncopes), alors qu’il s’agit au départ de résoudre un problème bénin de sommeil perturbé. De plus, il existe un risque de voir augmenter les symptômes, après une première phase d’amélioration. Contacté, le fabricant, GlaxoSmithKline, n’a pas répondu.

Di-Antalvic

Indication : antidouleur Le Di-Antalvic figure parmi les dix médicaments que L’Express recommande de retirer du marché. M. Gibert pour L’Express Le Di-Antalvic est un mélange savant de dextropropoxyphène et de paracétamol vendu depuis plus de quarante ans et censé être plus efficace contre la douleur que le paracétamol seul (type Doliprane). Cette supériorité n’a cependant jamais été démontrée. En revanche, les risques de surdosage, fréquents en cas de douleurs aiguës ou chroniques, peuvent être lourds, allant du trouble psychiatrique et cardiovasculaire... à l’arrêt cardiaque. Alertées par plusieurs centaines d’overdoses mortelles (volontaires ou accidentelles) survenues dans leur pays, le Royaume-Uni, la Suède et la Suisse ont interdit tous les médicaments de ce type il y a plusieurs années. L’Europe leur a emboîté le pas en juin 2010, puis les Etats-Unis le 19 novembre. Fabriqué par un laboratoire national, le Di-Antalvic est remboursé en France à 65%. Annoncé une première fois en mai, puis en juillet, son retrait définitif est programmé... pour septembre 2011 au plus tard. Contacté, le fabricant, Sanofi-Aventis, répond : "Cette période de retrait progressif a été jugée nécessaire par les autorités de santé européennes pour préparer les médecins à une autre stratégie de prise en charge de la douleur de leurs patients."

Hexaquine

Indication : crampes musculaires Ce médicament contient de la quinine, une substance utilisée efficacement contre le paludisme mais aux effets secondaires graves : troubles du rythme cardiaque, baisse du nombre de plaquettes, réactions allergiques sévères. Près d’une centaine de morts ont été attribuées à la quinine aux Etats-Unis, où elle n’est plus prescrite contre les crampes depuis 1995. L’été dernier encore, la Food and Drugs Administration (FDA) le martelait : ce trouble, bénin et temporaire, ne justifie pas l’usage d’une substance si dangereuse. En France, aucun autre traitement n’existe contre les crampes, où l’efficacité de l’Hexaquine a été jugée "faible" par la Haute Autorité de santé. Cependant, il est toujours autorisé dans cette indication et partiellement remboursé (à 15%). Contacté, le fabricant, le Laboratoire du Gomenol, répond : "L’Hexaquine contient de la quinine à faible dose. Contrairement aux Etats-Unis, il a toujours été prescrit sur ordonnance, en fonction de la gravité des douleurs, du poids et de la taille des patients."

Intrinsa

Indication : baisse du désir chez les femmes après ablation des ovaires et de l’utérus Présenté comme le nouveau Viagra féminin, ce patch à la testostérone n’a pas été autorisé aux Etats-Unis en raison de sa faible efficacité sur la libido féminine, mais aussi, et surtout, de ses nombreux effets indésirables : virilisation (pilosité aggravée, voix rauque), acné, troubles hépatiques et cardiovasculaires, prise de poids. Il a toutefois été autorisé en France début 2007 pour les femmes artificiellement ménopausées après l’ablation chirurgicale des ovaires et de l’utérus. A la lumière des dernières études, cette prise de risque semble inutile. D’autant que les effets du médicament à long terme, notamment les risques de cancer du sein, n’ont pas été évalués. Contacté, le fabricant, Warner Chilcott, répond : "Seules 500 patientes sont traitées par Intrinsa après une ablation des ovaires et de l’utérus. Celles qui l’utilisent en dehors de cette indication s’exposent évidemment au surdosage."

Ketek

Indication : infections respiratoires Ketek n’a pas d’efficacité clinique supérieure à d’autres antibiotiques (famille des macrolides) alors qu’il expose à de nombreux risques pour la santé en cas d’association avec d’autres médicaments. Par ailleurs, les réévaluations conduites par les autorités européennes en 2006 et en 2007 concluent que plusieurs graves effets secondaires sont retrouvés plus fréquemment : le risque d’aggravation d’une myasthénie (faiblesse musculaire), de pertes de connaissance, de troubles visuels, de troubles du rythme cardiaque et d’atteintes hépatiques. Contacté, le fabricant, Sanofi-Aventis, répond : "Les autorités de santé européennes (Emea) ont confirmé une réévaluation du rapport bénéfice-risque favorable pour le Ketek en 2006 et en 2007, en précisant les précautions supplémentaires d’usage à respecter."

Nexen

Indications : arthrose et règles douloureuses Nexen est à l’origine de troubles du foie parfois mortels, connus depuis de nombreuses années. La Finlande et l’Espagne l’ont retiré du marché dès 2002 à la suite de cas d’hépatites fulminantes. L’Irlande a suivi en 2007. Les autorités européennes réévaluent actuellement cet antidouleur pour la troisième fois. Le fabricant est chargé de recenser les cas de greffes du foie qui pourraient être liées au Nexen. Les mêmes instances ont pourtant déjà reconnu clairement, l’an dernier, un surcroît de troubles hépatiques graves provoqués par ce médicament. Contacté, le fabricant, Thérabel Lucien Pharma, répond : "La troisième enquête de l’Agence européenne des médicaments (Emea) a pour objectif une évaluation globale du rapport bénéfice-risque de la molécule, dont seul le potentiel hépato-toxique avait jusque-là été investigué par les experts européens."

Vastarel

Indications : vertiges, acouphènes, angines de poitrine, troubles du champ visuel Commercialisé depuis plus de quarante ans, ce médicament très utilisé par les patients âgés a vu ses indications thérapeutiques s’étendre au fil du temps, sans preuves solides de son efficacité. Depuis une dizaine d’années, en revanche, plusieurs effets indésirables inquiétants ont été observés : tremblements, troubles de la marche et des jambes sans repos, syndromes parkinsoniens. Délivré sur ordonnance, il est remboursé à 35%. Contacté, le fabricant, Servier, n’a pas souhaité répondre.

Zyprexa

Indications : schizophrénie et troubles bipolaires Le fabricant a reconnu, en 2003, que le Zyprexa pouvait provoquer une obésité sévère. En 2007, il a précisé sur les notices des boîtes vendues aux Etats-Unis que la survenue d’une hyperglycémie (taux de sucre trop élevé dans le sang, l’un des symptômes du diabète) était plus fréquente qu’avec d’autres médicaments de la même génération (type Solian ou Risperdal). C’est là tout le problème, s’agissant d’un traitement au long cours, voire à vie. Plus de 28 000 patients américains ont été indemnisés par la firme pour obésité, hyperglycémie ou diabète. Contacté, le fabricant, Lilly France, répond : "Les effets secondaires concernant la prise de poids sont connus et mentionnés dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP), tel qu’il figure dans le Vidal depuis l’AMM initiale de septembre 1996. Les risques d’hyperglycémie et de diabète ont aussi été mentionnés dès juillet 1999. De plus, le RCP a été régulièrement mis à jour afin de préciser, voire de renforcer, la mention de certains effets indésirables comme le risque de prise de poids, ou de survenue d’anomalies lipidiques, d’hyperglycémie, voire de diabète."

Zyban

Indication : sevrage tabagique Les bénéfices du Zyban (GSK), une substance proche des anorexigènes amphétaminiques comme le Mediator, sont incertains et, au mieux, très modestes, alors que des effets indésirables graves sont, eux, avérés, comme l’hypertension artérielle. Ce médicament n’apparaît pas plus efficace que les gommes à mâcher ou les patchs à base de nicotine, qui présentent moins d’effets indésirables. Contacté, le fabricant, GlaxoSmithKline, n’a pas répondu.


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