Etats-Unis : la facture salée des perturbateurs endocriniens
Le 18 octobre 2016 par Romain Loury
D’un point de vue sanitaire, les perturbateurs endocriniens coûtent chaque année 340 milliards de dollars aux Etats-Unis, soit 2,33% de leur produit intérieur brut (PIB), selon une étude publiée lundi 17 octobre dans la revue Lancet Diabetes & Endocrinology. Première cause, le handicap intellectuel chez les enfants.
La situation était déjà très inquiétante dans l’Union européenne : en mars 2015, l’équipe de Leonardo Trasande, de la New York University School of Medicine, y estimait à 157 milliards d’euros le coût sanitaire annuel des perturbateurs endocriniens. Soit 1,28% du PIB, qui s’évapore chaque année en retard intellectuel infantile, autisme, troubles de déficit de l’attention/hyperactivité (TDAH), diabète, obésité, aide à la procréation pour les hommes infertiles, etc.
La situation est encore pire aux Etats-Unis, selon la nouvelle étude conduite par l’équipe : menés sur la base d’analyses urinaires et sanguines d’environ 5.000 participants de la cohorte NHANES[i], ces travaux révèlent un coût de 340 milliards de dollars annuels (309 milliards d’euros), soit 2,33% du PIB –près de deux fois celui calculé dans l’UE.
43.000 cas de retard mental
Au premier plan de ces dépenses, les retardateurs de flamme bromés de la famille des PBDE, qui engendrent chaque année la perte de 11 millions de points de quotient intellectuel (QI) et 43.000 cas de retard intellectuel chez les enfants : en comptant l’autisme et le TDAH, le coût neurologique des perturbateurs endocriniens s’élève à 282 milliards de dollars (256,6 milliards d’euros).
Liés au phtalate DEHP, l’endométriose et les fibromes utérins (86.000 cas annuels) viennent en deuxième position (42,8 milliards d’euros), devant la mortalité cardiovasculaire (7,2 milliards d’euros, en particulier liée aux phtalates), l’obésité et le diabète (4,9 milliards d’euros, phtalate DEHP, bisphénol A), les troubles reproductifs masculins (2,2 milliards d’euros, phtalates, PBDE).
Les PBDE en première ligne
Spécificité des Etats-Unis, les PBDE y jouent le premier rôle dans la perte des points de QI chez l’enfant, alors que les pesticides organophosphorés en sont la cause principale dans l’UE. Utilisés de plus longue date outre-Atlantique, ces retardateurs de flamme commencent tout juste à disparaître des meubles, sur une démarche volontaire de la part des fabricants, tandis que l’UE a réduit leur usage en 2008 par la voie législative.
Selon les chercheurs, cette facture annuelle de 340 milliards de dollars pourrait être très éloignée de la réalité : moins de 5% des perturbateurs endocriniens connus à ce jour, certes les plus utilisés, ont été intégrés dans l’analyse, et plusieurs maladies associées à ces substances n’ont pas été incluses, notamment les cancers hormonodépendants tels que ceux du sein et de la prostate.
[i] National Health and Nutrition Examination Survey
Alain KALT (retranscription)
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