Environnement Lançonnais

A propos des recherches de Gilles-Eric Séralini concernant les OGM

lundi 5 novembre 2012 par Alain KALT (retranscription)

Article écrit par le Professeur Belpomme

Il m’est demandé un avis scientifique concernant le récent article de Gilles-Eric Seralini publié en septembre dernier dans le journal scientifique à comité de lecture "Food and chemical toxicology".

Ayant lu attentivement cet article, c’est au strict plan scientifique que je réponds à cette demande.

Le travail réalisé est une expérimentation lourde puisqu’impliquant le suivi de 200 rats (100 femelles et 100 mâles) pendant deux ans. L’étude est tout autant ambitieuse, compte tenu des 10 groupes étudiés selon la dose d’OGM et la présence ou non de Round up, ce qui explique la faiblesse des effectifs dans chacun des groupes.

Au demeurant, comme clairement indiqué dans l’article, les reproches méthodologiques à faire, si tel est le cas, seraient encore beaucoup plus nombreux et importants concernant les études réalisées pour la mise sur le marché des OGM et des pesticides. Ainsi les critiques formulées par la plupart de ceux qui le font ne peuvent se retourner que contre eux-mêmes, puisque ceux-ci en invoquant la science, oublient l’extrême faiblesse des études réalisées pour la mise sur le marché de tels produits.

Si on peut considérer l’étude de Seralini comme présentant une certaine faiblesse méthodologique concernant notamment le choix du modèle (les rats Sprague - Dawley font déjà spontanément de nombreuses tumeurs) et l’absence d’estimation statistique des résultats obtenus par comparaison à des témoins concernant la première partie de l’étude, il n’en demeure pas moins que les observations réalisées sont particulièrement intéressantes. Au minimum ils créent un doute sur l’innocuité de l’OGM utilisé - le maïs NKG03 intolérant au Round up - et du Round up lui-même.

Je connais suffisamment Seralini pour savoir qu’il est un chercheur intègre. En outre, s’il doit y avoir une discussion sur la valeur scientifique de cet article notamment du point de vue des mécanismes de la cancérogenèse, c’est au sein de la communauté des chercheurs spécialisés dans le domaine qu’elle doit avoir lieu et non sur la place publique, par le biais d’Institutions en réalité non expertes dans le domaine et qui manifestement agissent sans le dire, en vertu d’intérêts économiques et/ou d’une complaisance aux autorités politiciennes. Le message de telle ou telle académie ou de telle ou telle agence, sur cette thématique bien particulière, est donc sans fondement scientifique.

La polémique d’aujourd’hui, fomentée par les lobbies économiques et financiers et aggravée par les représentants de ces agences ou académies, qu’ils se targuent ou non d’être les "vrais" scientifiques du pays, est inacceptable. D’ailleurs ce n’est pas la première fois que de telles agences ou académies se trompent. L’histoire de l’amiante est toujours présente dans la mémoire de nos concitoyens, l’inconscient collectif de notre société, pour nous rappeler les méfaits sociétaux de telles affirmations prises dans l’urgence et sans réelle confrontation scientifique. Il n’est d’ailleurs pas dit qu’à l’étranger le son de cloche ne soit pas différent ; l’acceptation de l’article par le comité ad hoc du journal scientifique "Food and chemical toxicology" en témoigne. Il serait en outre largement préjudiciable à la science et à son indépendance que cet article, sous la pression de tels lobbies et du flot d’incompétences qu’ils suscitent, soit supprimé du journal qui l’a accepté le 2 août 2012. En réalité, je ne pense pas qu’il puisse en être ainsi, car si tel était le cas, le journal en question perdrait toute crédibilité scientifique.

Comme en témoignent les références scientifiques citées dans l’article, Seralini n’est pas le seul chercheur à remettre en cause l’innocuité des OGM et des pesticides, en particulier du Round up. Grâce au doute qu’il a su créer, cet article va donc avoir en réalité pour immense intérêt de redynamiser les équipes de chercheurs travaillant dans le monde sur un tel sujet - y compris celle de Seralini - à poursuivre les travaux dans cette direction et par conséquent à ne pas accepter comme scientifiquement établi l’innocuité de ces deux types de produits. La recherche scientifique pour ceux qui réellement la font, est une longue marche souvent hérissée d’épines, mais aussi parfois de gratifications. Seralini a fait un premier pas. Parions comme ce fut le cas pour l’amiante, qu’il y en aura d’autres et cela de plus en plus et très prochainement.


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