Environnement Lançonnais

Photovoltaïque : dialogue de sourds entre professionnels et gouvernement

mardi 28 décembre 2010 par Alain KALT (retranscription)

Le 22 décembre 2010

par Valéry Laramée de Tannenberg

Source : Journal De L’Environnement.

Les acteurs de la filière du photovoltaïque ont bien du mal à respecter la trêve des confiseurs. La faute, bien sûr, au décret du 9 décembre dernier, qui interrompt pour trois mois l’obligation d’achat par EDF de l’électricité photovoltaïque produite par les installations de plus de 3 kilowatts crête. Installateurs, producteurs de cellules et porteurs de projets de centrales également goûtent assez peu aux différentes arguties administratives mises en place pour stopper la bulle spéculative du solaire.

Et c’est bien là l’argument force du gouvernement. Les services du ministère de l’écologie soulignent que bon nombre de projets de centrales photovoltaïques ont été injectés dans les deux circuits de validation administratifs [l’un géré par ERDF, le distributeur d’électricité, l’autre par RTE le gestionnaire des réseaux de transport, ndlr] pour se garantir un niveau de rémunération avant que les tarifs ne chutent. Sans pour autant que les industriels n’aient forcément l’intention de les mettre en service avant deux ou trois ans.

Conséquence, indique-t-on à l’hôtel de Roquelaure : le budget consacré au rachat de l’électricité solaire (via la contribution au service public de l’électricité, CSPE) va probablement exploser. Certains experts officiels parlant même à terme d’une hausse probable de 5 % du montant moyen de la facture d’électricité. En oubliant toutefois que l’essentiel de la CSPE (41 %) sert au maintien de la péréquation tarifaire et au soutien à la cogénération gaz (32 %). Certes, 24 % de cette taxe prélevée sur les factures de courant servent à financer le développement des énergies nouvelles. Mais cette ligne sert essentiellement au déploiement du grand éolien.

Autre accusation formulée dans les couloirs gouvernementaux : les panneaux installés en France seraient très majoritairement (on cite le taux de 90 %) d’origine chinoise. En déduire que leurs performances sont moindres que celles des modules tricolores et que leur bilan carbone et environnemental est désastreux. Et que les industriels français ne tirent pas leur épingle du jeu. Or, selon les professionnels, plus de 20 % des panneaux installés cet automne étaient d’origine française. Et beaucoup d’autres provenaient d’Europe et des Etats-Unis. Le quasi-monopole chinois est donc une chimère.

La filière a réagi en force. Enerplan a formé un recours en annulation, devant le Conseil d’Etat, contre ledit décret. Parallèlement, le collectif « Touche pas à mon panneau solaire » (dirigée par l’avocate Ariane Vennin, une proche de la ministre de l’écologie) a annoncé le dépôt d’un recours en annulation du décret de moratoire, d’un recours en référé de suspension et d’une plainte à la Commission européenne.

Bref, les esprits étaient déjà échauffés, mardi après-midi, quand Jean-Michel Charpin, inspecteur général des finances, et Claude Trink, ingénieur général des mines ont accueilli la cinquantaine de représentants de collectivités locales, de professionnels et d’associatifs pour cette concertation qui doit tracer les lignes d’horizon de la filière.

La ligne de front est restée stable. Les deux parties (gouvernement et représentants de la filière) restant sur leurs positions respectives. Et le calme n’est pas revenu quand les représentants de RTE ont publié la liste des gros projets en attente d’une décision de raccordement. A ce jour, sur les projets mentionnés, représentant une capacité totale de 1.283 mégawatts crête, ceux portés par EDF Energies nouvelles (EDF EN) représentent une puissance totale de 980 MWc.

Cette découverte, rapporte Les Echos, a fait bondir certains représentants de la filière photovoltaïque. Ces derniers n’ont pas manqué de rappeler que l’un des principaux responsables de l’inflation de projets n’est autre qu’une filiale (à 50 %) d’EDF, tout comme RTE, et ERDF. De fait, EDF EN joue sur deux tableaux. Outre ses 980 MWc inscrits dans la filière RTE , l’ancienne SIIF Energies a également placé dans la file d’attente d’ERDF entre 300 et 400 MWc de petites centrales.

Au total, les deux files d’attente comptent 4.861 MWc : près de 7 fois la capacité installée en septembre 2010, selon la Direction générale de l’énergie et du climat.

Si l’intégralité des projets déjà inscrits était réalisée, la France se trouverait donc à la tête d’un parc de centrales photovoltaïques de 5.581 MWc, soit 181 MWc de plus que l’objectif fixé, pour 2020, par la Programmation pluriannuelle des investissements électriques (PPI).


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