Environnement Lançonnais

La radioactivité expliquée pour tous

jeudi 24 mars 2011 par Alain KALT (retranscription)

Écrit par : Yves Heuillard dans nucléaire, comprendre le 2 février 2009

Cet article est destiné à donner une idée de ce qu’est la radioactivité, il s’écarte volontairement des explications habituelles qui sans le support des mathématiques et des sciences physiques, sont difficilement compréhensibles. Les scientifiques excuseront les libertés prises avec la réalité des phénomènes, l’objectif n’étant pas de devenir docteur en physique nucléaire, mais citoyen capable de comprendre des sujets d’actualités divers, du débat sur les déchets nucléaires à la qualité de l’air dans l’habitat. Nous nous efforçons de rester aussi factuels que possible. Pour comprendre cet article, il suffit de savoir que la matière est composée d’atomes, et que ces atomes, un peu comme un système planétaire, sont constitués d’électrons qui tournent autour d’un noyau, lui même constitué de protons et de neutrons.

Qu’est-ce que la radioactivité ?

Un corps radioactif est un corps qui émet de l’énergie, sous la forme d’un rayonnement. La lumière du soleil est un rayonnement. Quand vous passez une radiographie, vous recevez des rayons X, quand vous utilisez votre téléphone portable, celui-ci émet un rayonnement. Un morceau de minerai d’uranium émet un rayonnement naturel spontanément, on dit qu’il est radioactif.

Est-ce dangereux ?

Notre expérience du rayonnement solaire nous fait entrevoir qu’à dose raisonnable, le soleil est agréable et même nécessaire à notre développement, mais qu’à dose trop importante il nous brûle la peau, et, sur le long terme, la répétition des expositions peut être source de cancers de la peau. De manière générale, les rayonnements ne sont, ex abrupto, ni bons, ni mauvais ; la seule question c’est la dose de rayonnement que vous recevez. Vous êtes sur la plage, vous sortez de l’eau, vous frissonnez, vous vous allongez au soleil, quelle douceur ! Mais si le soleil avait une commande de puissance et qu’on multiplie par 100 la puissance du soleil, vous seriez réduit en un petit tas de cendre en quelques secondes.

Si vous pique-niquez exceptionnellement sur un tas de gravats issus d’une mine d’uranium en Bretagne, vous subissez 20 fois la radioactivité naturelle pendant une heure (source Criirad), et les conséquences sur votre santé sont nulles. Si vous buvez régulièrement l’eau de la source en contrebas du tas de gravats, les conséquences sur votre santé ne sont probablement pas nulles, mais vous ne le saurez que dans une ou plusieurs dizaines d’années.

Si vous restez pendant une heure à un mètre de distance d’une petite ampoule de césium radioactif utilisée en radiothérapie, accidentellement sortie de son blindage, vous mourrez (accident de Goiânia au Brésil). Si vous restez à un mètre de distance de combustible nucléaire usé en provenance d’une centrale nucléaire et stocké depuis 50 ans, vous recevez un dose mortelle de radiation en moins d’une heure (Source Princeton University). Si vous absorbez quelques millionièmes de gramme de polonium - on se souviendra de l’empoisonnement d’Alexandre Litvinenko, ancien agent des services secrets russes - vous mourrez en quelques jours.

Tous les rayonnements sont-ils identiques ?

Vous en savez plus sur les rayonnements que ce que vous croyez. Vous savez par exemple qu’une simple ombrelle peut vous protéger des rayons du soleil. A l’inverse, vous savez que cette même ombrelle vous serait inutile contre les rayons X utilisés en médecine radiologique. Pour s’en protéger il faut des plaques de plomb de quelques centimètres d’épaisseur. Vous savez aussi que le rayonnement de votre téléphone portable (et plus généralement les ondes radio) passent au travers des murs de votre maison, sinon vous ne pourriez utiliser votre téléphone qu’à l’extérieur. Quant aux effets des rayonnements, vous savez déjà que tous les rayonnements ne produisent pas les mêmes effets. Vous savez par exemple que parmi les rayons du soleil, les rayons infrarouges vous réchauffent (ou vous brûlent) alors que les UV vous font bronzer (et sont aussi source de cancers de la peau).

Et donc pour résumer, selon la dose de rayons que vous recevez, de la nature des rayons que vous recevez, le résultat peut varier du tout au tout : du maintien en bonne santé, à la mort immédiate. D’où les débats passionnés au sujet des rayonnements, issus de produits radioactifs ou non. Ces débats sont d’autant plus passionnés qu’on ne voit, ni ne sent le rayonnement radioactif et que le calcul de la dose de rayonnements reçus, par exemple chez les travailleurs du nucléaire, est très difficile à réaliser. Nous reviendrons sur ce sujet délicat dans un deuxième article.

Tous les corps radioactifs rayonnent-ils de la même manière ?

Non il y a plusieurs types de rayonnements radioactifs. Certains corps radioactifs émettent un rayonnement d’une nature voisine des rayons X utilisés en radiologie, ce sont des rayons gamma, appelés aussi photons gamma (un photon est un grain de lumière). Ils sont très pénétrants, il faut des épaisseurs de béton de plusieurs mètres pour les arrêter. D’autres émettent des électrons qui ne parcourent que quelques centimètres dans l’air ; ce sont les rayons bêta, on dit aussi particules bêta. D’autres enfin émettent un groupe de deux neutrons et deux protons (on appelle ça un hélion) ; ce sont les rayons alpha, appelés aussi particules alpha. Ils sont arrêtés par une simple feuille de papier. Certains corps radioactifs, par exemple du minerai d’uranium, émettent plusieurs type de rayonnement à la fois.

Alpha bêta, gamma, c’est trop compliqué pour moi ! Gardez simplement à l’esprit que la radioactivité correspond à un tir de projectile. Selon la nature du projectile, alpha, bêta, ou gamma, la portée est plus ou moins grande. Mais la portée n’est pas tout. Prenez un boxeur par exemple, la portée de son poing n’est pas très grande, mais il peut frapper très fort. La puissance du boxeur est déterminée par le nombre de coups de poing qu’il est capable de donner par minute, et par l’énergie de chaque coup de poing.

C’est la même chose en matière de radioactivité, le nombre de particules (alpha ou bêta) ou de photons gamma émis par seconde, et la puissance de chaque particule ou photon sont aussi des éléments importants.

En résumé, pour définir le rayonnement radioactif d’un corps, il faudra définir le type de rayonnement (alpha, bêta, gamma), le nombre de salves par secondes emises par le corps, et l’énergie de chaque salve. Plutôt que salve, les scientifiques parlent plutôt de nombre de désintégrations par seconde, pour exprimer l’activité d’un corps radioactif. Par exemple, il se produit 10 000 désintégrations par secondes dans un gramme de minerai d’uranium, ce qui provoque l’émission de 10 000 particules alpha par seconde (source Wikipedia), dont chacune possède une énergie bien précise, caractéristique de l’uranium.

Y-a-t-il de la radioactivité chez moi ?

La radioactivité est un phénomène naturel. Dans la nature on trouve partout, dans les sols, dans l’eau, des éléments radioactifs, principalement de l’uranium et du thorium. L’uranium, tout le monde connaît, au moins de nom, car il est lié à l’énergie nucléaire, et aussi à la bombe atomique. Le thorium est moins connu, il est pourtant 4 fois plus abondant que l’uranium et fait l’objet d’applications industrielles. On trouve dans le sol (oui le sol de votre jardin) de l’ordre de 2 g d’uranium par tonne de terre et 4 fois plus de thorium ; dans l’eau de mer 3 mg par mètres cube (source CEA).

Pour vous faire une meilleure idée, 500 m² de jardin sur 5 mètres de profondeur contiennent de l’ordre de 7,5 kg d’uranium. Et par voie de conséquence, les murs des maisons, les briques, le béton, dont les matières premières viennent du sol, contiennent aussi des composants radioactifs - plus ou moins selon la nature des matériaux, et selon leur provenance géographique. L’air contient aussi des gaz radioactifs naturels comme le radon (voir plus loin) et aussi des particules radioactives, par exemple des particules issues de la combustion du charbon.

Suis-je radioactif moi-même ?

D’autres éléments naturels, comme le potassium comprennent une petite quantité d’atomes radioactifs. Très peu en proportion ; moins de 0,02% de la masse. Mais comme le potassium est très abondant dans la nature (2,5% de la masse totale de la croûte terrestre), il est responsable de 75% de la radioactivité des sols (en moyenne, selon la nature des roches, Source Idaho University). On trouve le potassium dans tous les organismes vivants (c’est un fertilisant pour les plantes, il est nécessaire à notre santé), et même avec ce faible pourcentage d’atome radioactifs, la présence de potassium radioactif dans le corps humain est relativement importante par rapport à d’autres éléments radioactifs.

Votre corps contient de l’ordre de 150 mg de potassium, dont 0,02 % est radioactif émetteur de rayons bêta. Mais c’est rien vous dites vous ! A juste titre car l’évolution de la vie terrestre, depuis des centaines de millions d’années s’est accommodée de cette infime radioactivité ambiante.

Mais attention au sens de "infime" en matière de radioactivité. Ainsi 0,02 % de 150 mg de potassium, c’est à dire 30 millionièmes de gramme de potassium radioactif dans le corps, représente quand même de l’ordre 5000 particules bêta tirées par seconde !! C’est environ la moitié du rayonnement radioactif émis par les cellules de notre corps (source Wikipedia). Et ces 5000 particules bêta par seconde tirées à bout portant par le potassium de votre corps, titillent quelques-unes des cellules de vos organes. Mais les cellules sont programmées pour se réparer, se régénérer - jusqu’à un certain point... C’est le sujet de la radiobiologie, l’étude des rayonnements sur le vivant.

Comment on détecte la radioactivité ?

Tous le monde sait, grosso modo, ce qu’est un compteur Geiger ; ça sert à mesurer la radioactivité. Vous pouvez en acheter un dans le commerce pour quelques dizaine d’euros. A la lecture du paragraphe précédent, vous vous dites qu’en approchant un compteur Geiger de votre corps, le potassium radioactif qu’il renferme devrait le faire "biper à mort". Eh bien non ! souvenez vous, le potassium est un émetteur bêta et les rayons bêta sont arrêtés très rapidement, en quelques millimètres dans le corps. Le capteur même du compteur Geiger (une capsule en verre le plus souvent) ne laisse passer que les rayons bêta les plus puissants, et pas du tout les rayons alpha. Nous en resterons là pour l’instant, l’essentiel étant de comprendre qu’un compteur Geiger ne mesure qu’une partie de la radioactivité, essentiellement les rayons gamma. Il reste néanmoins un très bon indicateur, car en cas de pollution nucléaire, ou d’accident, comme à Tchernobyl, de nombreux éléments radioactifs de toutes sortes sont libérés, dont forcément des émetteurs de rayons gamma, que le compteur Geiger détecte facilement.

On parle toujours de radioactivité naturelle ? par opposition à quoi ?

La radioactivité naturelle est celle que vous subissez du fait que vous êtes sur la planète terre et que le sol, les murs des maisons (qui sont fait de matériaux issu du sols), l’atmosphère contiennent, en infime proportion des atomes radioactifs. Vous subissez donc un rayonnement direct des corps qui vous entourent auquel s’ajoute le rayonnement cosmique, des particules de très haute énergie en provenance du soleil et des étoiles.

Mais surtout en respirant, en mangeant, en buvant de l’eau vous faites pénétrer dans votre corps, des éléments radioactifs, principalement le potassium des végétaux (la potasse est un engrais). La radiocativité peut être plus ou moins importante selon les endroits où vous habiter. La principale source de radiation naturelle provient du radon, un gaz radioactif libéré par les sols granitiques ou volcaniques et qui serait responsable de cancers du poumon (source OMS). Une fois dans votre organisme, les éléments radioactifs sont, soit fixés dans le corps, dans les os par exemple, ou rejetés après un certain temps. De manière générale ils s’intègrent dans le métabolisme du corps. Autre exemple, l’air contient une quantité infinitésimale de carbone radioactif (le fameux carbone 14 qui sert aux archéologues pour dater leurs découvertes) : comme le carbone sert à la fabrication de toutes les molécules qui compose les êtres vivants, tous les organismes, vous même ou les plantes, contiennent du carbone radioactif, en proportion vraiment infime mais mesurable.

La radioactivité artificielle est celle crée par l’homme. Elle est utilisée par exemple en radiothérapie pour le traitement des cancers. Elle est aussi le résultat de la libération dans l’atmosphère des éléments issus des essais d’explosions nucléaires, ou des rejets dans l’air et dans l’eau des industries nucléaires - dont la production d’électricité, dont le retraitement des déchets.

Pourquoi ce qui est infime pour les uns est terrifiant pour les autres ? Quand il s’agit d’aborder la dangerosité de ces rejets ou de ces déchets, les défenseurs de l’industrie comparent parfois la quantité de radioactivité libérée ou stockée par rapport à la radioactivité existante, c’est à dire la radioactivité naturelle de l’eau, des sols et de l’air. Ils supposent alors une dilution théorique de la radioactivité produite dans des milliards de milliards de tonnes d’eau et d’air. (ci-dessous usine de retraitement des combustibles usés à la Hague, une des régions les plus ventées de France et bénéficiant de forts courants marins).

A l’inverse les opposants au nucléaire vont calculer la concentration des éléments radioactifs a proximité du rejet ou des lieux de stockage, sur les lieux de travail des employés du nucléaire, ou, le cas échéant, aux abords d’une fuite accidentelle et comment cette contamination se retrouve, dans les nappes phréatiques (et donc dans les eaux de boisson ou d’irrigation), dans le fromage des vaches qui mangent des hectares d’herbes, dans les poissons, ou tout simplement dans l’air.

Bien évidemment les résultats ne sont pas les mêmes. Et quand les deux parties finissent par s’accorder sur une contamination de l’environnement, ou humaine, elle divergent d’autant plus souvent sur les conséquences sur la santé que celles-ci , le cas échéant, ne se matérialiseront que longtemps plus tard, peut-être des dizaines d’années plus tard (voir la définition du mot Sievert dans le glossaire en fin d’article) et d’autant plus facilement que la relation de cause a effet entre une dose de radioactivité reçue (s’il elle n’est pas trop importante) et l’apparition d’un cancer est formellement impossible.

Combien de temps un produit radioactif reste-t-il radioactif ?

Cette question est au centre des débats sur le stockage des déchets. Pour bien comprendre prenons un exemple simple, celui de l’uranium naturel. Supposez que vous ayez 1 kg d’uranium pur sur votre table (c’est un petit cube de 3,7 cm de côté). Il émet des rayons alpha. Au bout de 4,5 milliards d’année, la moitié des atomes d’uranium se sont désintégrés. On dit que la demi-vie de l’uranium est de 4,5 milliards d’années. La demi-vie du plutonium, présent dans le combustible usé des centrales nucléaires, est de 24 000 ans. (Ci-contre gallerie d’accès au centre d’enfouissement de déchets nucléaire de Yucca Mountains aux Etats-Unis. Durant sa campagne Barrack Obama s’est prononcé contre la poursuite des travaux).

Le mot désintégré est un peu trompeur, car les atomes ne disparaissent pas mais se transforment, ou transmutent pour faire référence au rêve des alchimistes de transmuter du plomb en or. Donc au bout de 4,5 milliard d’années la moitié de votre cube d’uranium s’est transformé en un autre élément. Il se trouve que cet élément est lui même radioactif, et qu’il se mutera à son tour en un autre élément, lui même radioactif, et ainsi de suite, jusqu’à obtenir une transformation en un élément non-radioactif, du plomb en l’occurrence, en ce qui concerne l’uranium. Plus la demi-vie d’un corps radioactif est longue, moins il est actif, plus sa demi-vie est courte plus il est actif, plus il "crache" de rayonnement, pour parler familièrement.

Est-ce que la radioactivité est contagieuse ?

Oui la radioactivité est contagieuse. Mais pas au sens où le laisse supposer la question. Par exemple, dans un réacteur nucléaire, une partie de l’oxygène de l’eau qui circule dans le réacteur pour en extraire les calories (un réacteur nucléaire est une bouilloire qui sert à produire de la vapeur pour faire tourner des turbines) se transforme en carbone radioactif. De manière générale, l’énorme radioactivité qui règne dans un réacteur nucléaire agit sur les matériaux environnant, le combustible lui même (l’uranium), l’eau qui circule à l’intérieur pour en extraire les calories, les métaux, et donne naissance à de nombreux produits radioactifs, dont certains existent déjà dans la nature (comme le carbone 14) et d’autres qui n’existent pas à l’état naturel, comme le plutonium ou le césium 137. Indicateur de fuite des centrales nucléaires le césium 137 a été libéré, entre autres éléments radioactifs, en quantités importantes lors de l’accident de Tchernobyl. On en trouve sur toute la planète, dans les sols et dans les plantes. Tous ces produits générés dans le réacteur sont désignés par un terme générique : les produits de fission. La fission c’est la réaction qui se passe dans l’uranium du réacteur et qui dégage d’énorme quantité de chaleur (moins de 10 kg d’uranium, extraits de 20 tonnes de minerai, puis enrichis (voir le glossaire plus loin) peuvent libérer autant d’énergie que 1000 tonnes de charbon ; source World Nuclear Association).

J’ai compris, tout est question de dose. Je veux comprendre quand et comment je risque d’absorber une dose dangereuse.

Cette question est très complexe. Quand vous lisez des documents de médecine du travail, de protection des populations civiles ou de contamination accidentelle d’employés dans une centrale nucléaire, il est toujours question de mSv (abréviation de millisievert). Il ne s’agit pas d’une unité scientifique, comme peut l’être un kilogramme ou un volt, mais le résultat d’une formule purement inventée, fixée par la loi, approximative, imparfaite, destinée à évaluer un risque sur la santé de l’exposition à la radioactivité ; ce qui aboutit à dire des assertions comme 0,08 ouvrier-mineur risque de mourir d’un cancer pour chaque millier de tonnes de minerai d’uranium extrait (Source Wise-Uranium). A ce stade, ce qui est le plus important à comprendre, et qui est souvent au centre de tous les débats, des divergences de point de vue, c’est la différence entre l’exposition externe et l’exposition interne.

Quand vous subissez une radio des poumons, vous subissez une certaine dose de rayonnement (des rayons X) pendant un dizième de seconde. Mais une fois que vous êtes sorti du cabinet du radiologue, vous ne subissez plus rien. Si je pose sur la table un paquet de terre provenant des alentours de la centrale de Tchernobyl, et à supposer que le paquet soit bien hermétique, vous serez soumis à quelques rayonnements (des rayons gamma). Si je retire le paquet de terre après une heure, vous ne recevez plus rien. Vous avez subi une dose de rayonnement externe (faible dans le premier cas, et infime dans le deuxième).

Si vous respirer des gaz radiocatifs, ou de la poussière radiocative, ou si vous mangez des aliments contaminés par des éléments radioactifs, ces éléments se fixent (plus ou moins selon la forme chimique des éléments) dans votre corps. Après, l’exposition ces éléments continuent à rayonner dans votre corps, pendant des mois, des années ou toute votre vie selon les éléments. Vous subissez une exposition interne.

La différence entre les deux expositions est énorme. Pour prendre une analogie, c’est la différence entre subir l’éclairage d’une lampe électrique, et avaler la lampe... Dans l’affaire de l’assasinat du tranfuge russe Litvinenko fin 2006, quelque millionièmes de gramme de polomium dans un coktail ont suffit à provoquer la mort. Alors que vous pouvez dormir tranquille à côté de quantités 10 ou 100 millions de fois supérieures. D’où, encore une fois, la différence de point de vue que l’on peut prendre. Vous pouvez très bien dire un gramme de polonium pourrait tuer un million de personnes, ou bien, j’en ai dix gramme dans ma poche et je m’en porte pas plus mal, dans les deux cas vous dîtes la vérité.

Petit glossaire pour mieux comprendre l’actualité

Becquerel : le nombre de désintégrations par seconde (voir ci-après) s’exprime en becquerels (du nom du physicien français qui a découvert la radioactivité). Un becquerel correspond à une désintégration par seconde.

Désintégration : lorsque qu’un atome émet un rayonnement radioactif, on parle de désintégration. Un mot plus juste serait celui de mutation. En même temps qu’un atome d’un corps radioactif émet un rayonnement, l’atome se désintègre (mute) en un autre élément qui lui même peut être stable ou bien radioactif. S’il est radioactif, il émet à son tour un rayonnement et ainsi de suite jusqu’à ce que les désintégrations successives, accompagnées à chaque fois d’un rayonnement radioactif, aboutissent à un atome stable. Les atomes d’uranium, à force de se désintégrer successivement en autres éléments, finissent par devenir des atomes de plomb.

Isotope : deux éléments chimiques sont dits isotopes si leur noyau comprend le même nombre de protons mais un nombre de neutrons différents. Par exemple, si une partie (infime) du potassium est radioactive c’est parce que le potassium comprend plusieurs isotopes dont certains, en très faibles proportions, sont radioactifs. Deux isotopes d’un même éléments ont les mêmes propriétés chimiques. Votre corps dont la chimie nécessite du potassium, se fiche totalement de savoir à quel isotope du potassium il a affaire, du moment que c’est du potassium. Considérez un isotope d’un éléments chimique, comme une variante. ces variantes ont des numéros. Par exemple le minerai d’uranium que l’on trouve dans la nature comprend deux isotopes principaux, donc deux variantes si vous préférez : l’uranium 238, très majoritaire (+ de 99,2 % de la masse de minerai), et l’uranium 235 (0,7% de la masse). Pour les scientifiques ce nombre correspond au nombre de protons et de neutrons du noyau. Ils écrivent 238U ou 235U.

Période ou Demi-vie : c’est le temps au bout duquel la moitié des atomes d’un corps radioactifs s’est "désintégré" en émettant un rayonnement et en se transformant en un autre corps.

Millisievert : le sievert, du nom du physicien suédois Rolph Sievert, est une unité d’appréciation des effets probables de doses de radiocativité sur les êtres vivants. On dira par exemple que tel employé d’une centrale nucléaire a "pris", lors de l’éxécution d’une tâche, une dose de 1 millisievert, soit 1 mS" (code du travail 20 mS maximum/an pour un ouvrier exposé). C’est une une unité très complexe à comprendre, car elle prend en compte, à la fois le type de rayonnement et les organes exposés et détermine une probabilité de développer "un effet stochastique" - comprenez une maladie grave, ou plus prosaïquement un cancer - après une exposition. Ainsi, une exposition des testicules est-elle considérée comme 4 fois plus grave que celle de l’utérus, ou celle du cerveau. L’exposition aux rayons alpha du polonium est considéré 20 fois plus dommageable qu’une exposition au rayon gamma et bêta du Cobalt 60. Ces facteurs sont déterminés par l’expérience et fixé par la loi. Ils ont déjà changé et pourrait changer encore. Le calcul est encore plus compliqué quand des substances radioactives ont été absorbées par l’organisme, ce qui est généralement le cas lors d’accidents. On parle alors de dose engagée et on calcule la somme des doses que recevront chaque organe pendant 50 ans pour un adulte, 70 ans pour un enfant. Le problème est de connaître la dose de chaque élément absorbé par inhalation (poussières, gaz), par ingestion, ou par contact avec la peau. Il est important de noter que le modèle scientifique qui prévaut actuellement considére qu’il n’y a pas de seuil en dessous duquel une exposition aux radiations est sans danger. Pour aller plus loin on pourra se reporter à cet article du CEA.

Radionucléide : c’est un terme général pour désigner un élément radioactif. On emploie l’expression de radionucléide quand on ne sait pas qualifier les corps à l’origine de la radioactivité, ou pour simplifier le discours quand le nombre d’éléments radioactifs différents sont trop nombreux pour être cités individuellement.

Rayonnements ionisants : lorsque qu’un rayonnement possède suffisamment d’énergie pour arracher des électrons aux atomes ou aux molécules d’une substance irradiées, on dit qu’ils sont ionisants. Les rayons X et les rayonnements radioactifs alpha, bêta, et gamma sont ionisants. C’est ce caractère ionisant qui rend le rayonnement dangereux, voire mortel pour les organismes vivants parce qu’il est capable d’endommager les molécules des cellules vivantes, notre matériel génétique (ADN) et à plus grande échelle de créer des lésions dans les tissus .

Uranium enrichi : l’uranium naturel comprend principalement deux isotopes l’uranium 238 (plus de 99,2 % de tout l’uranium) et l’uranium 235 qui ne représente que 0,7% de l’uranium contenu dans le minerai. Hors, seul l’uranium 235 peut servir dans les centrales nucléaires (et dans les bombes). Il faut donc augmenter la proportion d’uranium 235 (entre 3 et 5 %) dans l’uranium naturel pour faire du combustible nucléaire. Ce processus s’appelle l’enrichissement, il fournit de l’uranium enrichi.


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