Les jardiniers amateurs ont aussi la main lourde sur les pesticides
27-04-2011
La France est le premier consommateur européen de produits phytosanitaires, et le quatrième au niveau mondial, avec près de 80 000 tonnes déversées chaque année. Si le secteur agricole a, bien entendu, une part prédominante dans cette utilisation massive de pesticides, les jardiniers amateurs ont également une part de responsabilité. Concrètement, à l’échelle nationale, 90 % des pesticides sont utilisés par les agriculteurs, 9 % par les particuliers, et 1 % par les collectivités et gestionnaires d’infrastructures linéaires. Selon une étude de février 2010, près de 45 % des Français disposent d’un jardin ornemental, fruitier ou potager. Chaque année, environ 5 000 tonnes de pesticides sont ainsi répandues dans les jardins ou les potagers. Or, les particuliers ont souvent de mauvaises pratiques telles que le surdosage ou le traitement à proximité des zones à risque.
En Franche-Comté, des analyses ont révélé une contamination des eaux de surface et souterraines par les pesticides, en zones agricoles mais également au sein de zones plus urbanisées, touchées par un « cocktail de désherbants » utilisés par les collectivités et les jardiniers amateurs. Pour remédier à cet état de faits, le réseau associatif Franche-Comté Nature Environnement, le CPIE (1) de la Val lée de l’Ognon et l’Agence de l’Eau Rhône-Méditerranée & Corse ont mis en place la Charte « Jardiner, naturellement ! ». Celle-ci fédère 56 jardineries, magasins de bricolage et libres-services agricoles, répartis sur tout le territoire franc-comtois, qui se sont engagés à privilégier des matériels et des techniques alternatives aux pesticides.
Les enseignes adhérant à la charte doivent notamment avoir au moins un vendeur ayant suivi une session de formation aux techniques alternatives aux pesticides, la dernière en date s’étant déroulée les 16 et 17 mars derniers. Elles sont également tenues de mettre à disposition du public des fiches-conseils informant sur les solutions alternatives telles que le paillage, le compostage, les engrais verts, les refuges à insectes et à oiseaux, la gestion écologique de l’eau ou encore la tolérance à la végétation spontanée.
Dans le cadre de cette charte, diverses enquêtes sont menées afin d’évaluer la formation des participants et l’évolution quantitative des ventes des produits phytosanitaires et des articles alternatifs. Enfin, des « enquêtes mystères » sont organisées dans les magasins pour vérifier s’ils orientent leurs conseils vers des techniques de jardinage naturel.
L’agglomération rennaise fut la première à expérimenter ce type de charte avec les jardineries (2). L’expérience s’est avérée payante puisque, sur la période 2005 / 2008, la vente de produits de traitement chimique a diminué de 55 % (source Audit GFK – déc 2008). D’autres collectivités françaises lui ont emboîté le pas.
Cécile Cassier 1- Centre Permanent d’Initiatives pour l’Environnement. 2- Le programme s’appelait : « Jardiner au naturel, ça coule de source ! ».
Alain KALT (retranscription)
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